jeudi 16 février 2017

Quatuor Molinari | Quatuors de Zorn


Le Quatuor Molinari présente 2 concerts au cours desquels il jouera les quatre premiers quatuors à cordes de John Zorn : le 24 février à Calgary (Alberta), et le 28 février à Montréal (Québec).
Olga Ranzenhofer, violoniste et directrice artistique du quatuor, a bien voulu répondre à quelques questions du Zornographe à cette occasion.  

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Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer ces quatuors ? Qu’est-ce qui vous attire particulièrement dans la musique de JZ ?

Le QM est toujours à la recherche d’œuvres nouvelles. Nous aimons explorer les différents courants artistiques et stylistiques des 20e et 21e siècles. John Zorn est moins connu pour sa musique « classique », bien qu’il ait écrit 7 quatuors à cordes. Il est très intéressant pour nous de jouer plusieurs œuvres d’un même compositeur pour mieux connaître son style, son évolution et ses caractéristiques. Nous faisons cela régulièrement : nous avons fait les intégrales de Schafer, Chostakovitch, Britten, Gubaidulina, Schnittke, Papineau-Couture, Kurtag, etc. Découvrir la musique de Zorn est très intéressant. Son œuvre pour quatuor est vraiment unique; les couleurs, les textures et les effets sonores sont très poussés. Il utilise beaucoup le son « grain », ou « scrape » comme il l’écrit dans la partition. Mais ces sons, très rugueux et agressifs, sont déclinés de plusieurs façons pour augmenter la palette sonore du quatuor. Les passages virtuoses aléatoires, « virtuoso freakout », sont très intenses et le contraste avec les sections très éthérées et calmes est d’autant plus efficace.  


Avez-vous rencontré le compositeur ? Ou été en contact avec lui ? Vous a-t-il donné des indications pour l’exécution de ces pièces ?

Non, nous ne l’avons pas rencontré mais lui avons parlé. Il nous a dit que l’enregistrement de ses quatuors sous étiquette Tzadik, est pour lui la référence, ayant lui-même supervisé le travail.


JZ a écrit 7 quatuors à cordes. Vous jouez les 4 premiers (chronologiquement). C’est un choix ? Est-ce que vous prévoyez une deuxième phase avec les suivants ?

Pour une première incursion dans le monde de Zorn ou de tout autre compositeur, c’est toujours bon de commencer par le début! Cat O’nine Tails est une très bonne œuvre, divisée en de nombreuses sections contrastantes, passant d’une musique très agressive à une musique comique, du swing country au tango, d'allusions à Ives tout comme à Xenakis. Tout y passe. C’est comme un voyage musical à travers les époques et les styles, un pot-pourri de haute voltige! Memento Mori est un long parcours de 30 minutes à travers des sonorités étranges, avec l’utilisation de la sourdine de pratique et toute la gamme des sons « grains ». Cette œuvre est beaucoup plus « hard » que la précédente bien qu’écrite à peine deux ans plus tard. Les miniatures de The Dead Man, 13 spécimens pour quatuor, nous plongent dans des mondes fascinants, avec ses titres évocateurs qui nous laissent parfois perplexes. Enfin, Kol Nidre, est une pièce très lente et méditative où tous les irritants (sons grains, agressivité) ont disparu.  


Quelles particularités ces pièces ont elles par rapport à celles que vous jouez habituellement ? Des difficultés particulières ? Un plaisir particulier ? Selon vous, JZ a-t-il une spécificité en tant que compositeur de musique de concert ?

Ces œuvres représentent tout un défi. Premièrement, techniquement certains passages sont extrêmement difficiles et on sent que le compositeur voulait créer une tension en écrivant de la sorte. Il faut réussir à aller au-delà des difficultés pour rejoindre l’essence de la pièce. Zorn souligne le côté visuel de Cat O’Nine tails, le côté émotionnel de Memento Mori, la sensualité de The Dead Man et enfin la spiritualité du Kol Nidre. Voilà ce à quoi nous devons aspirer en jouant ces œuvres.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Extra et excellente idée car Mr Zorn est encore un peu étranger dans le monde "classique" !